La poule Noire de Challans,
en deux mots

La poule de Challans aurait été créée au milieu du XIXè siècle par croisement entre des poules locales et des volailles asiatiques (Langshan, Orpington) importées à Nantes à travers des échanges maritimes. La production de « poulets nantais » élevés dans les marais et finis en « épinettes », fera la réputation de cette race à partir de 1870 de Nantes à Paris jusqu’à ce que l’industrialisation de l’aviculture ne sonne le glas de ce mode de production familial et donc de cette race.

C’est une volaille de forme massive, aux pattes argentées, avec des oreillons rouges et une crête simple et droite de taille moyenne. Le plumage est normalement noir avec des reflets verts. C’est une pondeuse moyenne.

Les élevages sont majoritairement restés dans leur berceau d’origine, dans le marais breton, entre Vendée et Loire-Atlantique. Les élevages amateurs et professionnels ont essentiellement pour vocation la sauvegarde de la race. Ainsi, l’avenir de cette volaille est en partie assuré, grâce à l’arrivée de nouveaux éleveurs au sein de l’association qui multiplient les expériences de valorisation.

Plumage noir aux reflets verts, sans bouffant
Volaille assez massive, robuste et puissante, à l’allure dégagée et sans lourdeur
Dos horizontal, queue peu abondante et presque horizontale, tête fine et allongée

Crédit photo : Éric Rousseaux

Volaille rustique, valorisant la nourriture des marais, adaptée à la vie en plein air
Qualité et finesse de sa viande, à croissance lente
Engraissement aux céréales et lait, donnant un persillage et une tendreté à la viande
Ponte correcte et bonne couveuse

La poule Noire de Challans est une race fermière ancienne dont le berceau d’élevage se situe dans le marais breton, en Vendée. Au fil du temps, son territoire s’est étendu, on retrouve, largement, la trace de sa présence jusqu’en Loire Atlantique. Auparavant, on évoquait une race de poule noire locale de petit gabarit et c’est à la suite d’apports de races comme la Langshan et la Orpington Noire que son volume aurait augmenté. L’apport de ces races lui donna rapidement de la masse et elle devînt la volaille « officielle » du pays Nantais, à tel point qu’on l’appelait « poulet Nantais ».

1870

À partir de 1870, la production de ces poulets, élevés dans les marais et finis en « épinette » fera la réputation de cette race à Nantes et même jusqu’à Paris.

1930

Élevés de manière extensive, dans un nombre considérable de petites exploitations, les poulets étaient ramassés toutes les semaines par des volaillers qui s’occupaient de les acheminer. La production n’a cessé de croître jusque dans les années 1930.

1937

Le Marais breton expédiait, en moyenne, 750 000 poulets par an.

1960

On retrouve sa trace sur le menu inaugural du paquebot France sous la dénomination de Poulet Nantais.

1967

Obtention de son agrément par la commission des Standards pour sauvegarder la race et son patrimoine génétique.

1970

Dans les années 70, a lieu le lancement de la valorisation industrielle qui aboutira au label rouge « Poulet de Challans », causant le déclin progressif de la souche ancienne et fermière. En effet, l’image a été récupérée, mais l’animal n’a plus rien à voir avec la souche fermière. Ces éleveurs anciens nous ont également montré la méthode traditionnelle d’élevage et de finition dans le marais breton vendéen. Ces pratiques étant ancestrales, s’en servir aujourd’hui pour ce projet relève donc de l’évidence et du bon sens paysan.

2000

Première tournée prospection du CRAPAL, par Louis Reveleau. Quatre éleveurs de souche fermière sont recensés dans la région de Challans / Saint-Jean-de-Monts, complétant ainsi les souches utilisées par les collectionneurs.

2001

Jocelyn Marguerie engage une tournée de caractérisation de la race, via un projet de thèse vétérinaire.

2002

Une autre étudiante, Aurélie Lelièvre, reprend le projet. Elle organise des réunions d’éleveurs anciens et collectionneurs, fait un inventaire, lance une caractérisation, enquête sur les traditions d’élevage et d’engraissement, et met en place des expérimentations sur les capacités viande et ponte en site propre.5 souches différentes ont pu être retrouvées, issues d’élevages anciens, n’ayant pas ou peu de relations entre eux. Cette diversité apparente semble être suffisante pour relancer la race tout en maintenant la variabilité génétique.

2004

Des reproducteurs sont diffusés, et une quinzaine d’élevages amateurs sont créés en Nord Loire.

2005

Aurélie Lelièvre termine sa thèse à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes. Cette dernière permet de relancer l’idée d’élever cette poule mixte et rustique, et de permettre à de futurs éleveurs (plusieurs projets réfléchis collectivement) de mieux connaître cette race avant de se lancer dans une petite production de poulets fermiers et/ou d’œufs.

2006

Organisation d’une réunion générale des éleveurs (anciens, collectionneurs, nouveaux) animée par le CRAPAL. Cette même année, sont lancés des essais d’engraissement en petits groupes.

2007

De nouveaux sites sont créés et quelques lots d’animaux sont engraissés (environ 500 poulets).

2009

Création de l’Association pour la sauvegarde et la valorisation de la poule Noire de Challans par quelques éleveurs amateurs et professionnels de Loire-Atlantique et ouverte aux éleveurs de Vendée.

2015

L’Association met en place un plan de sauvegarde avec diversification de l’origine des animaux grâce à l’achat de reproducteurs extérieurs auprès d’éleveurs amateurs du club avicole vendéen ou fermiers. Elles sont confiées aux éleveurs amateurs de l’association afin de les « sécuriser », ils sont en quelque sorte « les gardiens du temple ».

2016

L’association dépose à l’INPI la marque « Poulet nantais » afin de protéger cette ancienne appellation de la volaille commercialisée, et d’entraîner de nouveaux éleveurs engraisseurs. Afin de sensibiliser les restaurateurs de Nantes à la qualité gustative, une quinzaine de volailles leurs sont offertes en contrepartie d’un retour sur les qualités de la volaille. Les résultats sont prometteurs même si en fonction de la préparation certains restaurateurs préfèrent soit la poularde soit le poulet.

2018

Lors de la Fête de la Vache Nantaise et des races locales, mis en valeur par le chef triplement étoilé Michel Bras, notre poulet Nantais est servi en plat principal d’un repas gastronomique rassemblant 500 convives.

2020

Début d’un partenariat avec le Syndicat des Sélectionneurs Avicole et Aquacole Français (SYSAAF). Réalisation d’analyses génétiques en vue de la création de plans d’accouplement afin de prévenir les risques de consanguinité.

2021

Création d’un conservatoire des ressources génétiques en partenariat avec la coopérative ACCES REAGIS à la ferme de l’abbatiale (entreprise d’insertion) à Saint Gildas des Bois 44. Entrée dans le programme de recherche européen GEroNIMO. La poule Noire de Challans est la première race Française à bénéficier d’un programme de sélection IN SITU